
En comparaison avec ce qui s’écrit sur la spy fiction britannique et américaine, la recherche en français semble presque ignorer ce genre. Or, si l’on exclut les romans « littéraires » et les collections populaires éclectiques, comme La Chouette (Ditis), la Série noire (Gallimard) et Un Mystère (Presses de la Cité) qui ne publiaient de l’espionnage que de manière occasionnelle, un rappel de la durée et de l’ampleur des collections d’espionnage spécialisées permet de constater qu’il y a peut-être là plus qu’un oubli ou une indifférence : un aveuglement.
Le roman d'espionnage jusqu’à à la chute du Mur de Berlin dit une interminable Guerre froide. Plus généralement reflète les structures de domination entre pays. Il donne surtout à ses lecteurs l'image d'une annexion possible du monde (optimisme occidental de l’Histoire moderne) au moins par les espions (pessimisme post-moderne). Il naturalise l'effraction (des frontières, des esprits, des corps) conçue comme mode dominant du pouvoir dans les transactions interindividuelles et internationales. Partout, l’effraction. L’échange n’est pas celui des technologies ou des bons procédés; le roman d’espionnage serait donc l’ombre grimaçante du consensualisme égalitaire des idéologies de la communication qui justement s’élaboraient dans cette même période. Pas surprenant que thèmes et formes du genre mettent en lumière le caractère crucial des relations pragmatiques de la fiction à son lecteur.
Les anges de Machiavel. Essai sur l'espionnage. Froide fin et funestes moyens : les espions de papier dans la paralittérature française, du Rideau de fer à la chute du Mur, Québec, Nuit blanche éditeur, Coll. Études paralittéraires, 1994.
Toutefois, seul le recadrage historique de la lente émergence du genre permet de comprendre son dynamisme évolutif. Avant la Guerre froide, non seulement son milieu naturel était-il national mais, pour le roman d’espionnage français, il s’est développé sans grandes influences extérieures de la défaite de 1870 à la fin de la Seconde guerre mondiale.
La cristallisation de l’ombre. Les origines oubliées du roman d’espionnage sous la IIIe République, avec la collaboration de Melikah Abdelmoumen et Désiré Nyela, Limoges, pulim, coll. Médiatextes, 2011.
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