
Cette influence de la mondialisation ne se ressent pas seulement dans le roman populaire. Pour en mesurer les effets, aussi bien considérer, conjointement ou en alternance, l’ensemble de la production romanesque générale et populaire auquel a accès le lectorat francophone. Dans les études littéraires, ce domaine est tiraillé entre deux grandes familles de discours critiques.
Celui qui actuellement domine est celui, post-moderne, des études culturelles, braquant le projecteur sur les mutations et les contestations, notamment avec les notions d’identité (sorte de noyau commun), de writing back (comme chez Chinua Achebe, à propos de l’ex-langue coloniale) puis de crise, de remaniement et de
complexification des identités. Là séjourne l’idée de la singularité intraductible de chaque culture, ethnique ou pas, substantielle ou expérientielle, mais aussi de la singularité intraductible de chaque micro-récit chargé de réécrire l’identité mythifiée (des auteurs, des personnages, voire du lecteur ou de la lectrice).
Au pôle opposé, le discours, moderne sans doute, celui de la possibilité de l’universel, braquant le projecteur sur les permanences, ou plutôt les pesanteurs des institutions et des tendances économiques, par exemple à la Pascale Casanova, avec cette idée issue d’une socio-logique, d’une polito-logique, que l’avers, l’économie des lettres et son marché mondialisé, a pour envers une représentation symbolique décalée, une « république mondiale des lettres ».
Mais on peut aussi tenter d’examiner des corpus pour faire émerger ces problématiques auxquelles la fiction romanesque a eu à faire depuis que l’évidence de son contexte national s’est opacifié et complexifié. C’est-à-dire depuis que la mondialisation s’est remise en marche pour former une nouvelle configuration dans les années 1970. Ce qui contraint à rester au ras du sol pour exhiber la diversité, voire la complexité et la singularité.
« Diversifier les régimes de lecture et les genres d’écriture : pédagogie numérique et études littéraires. À propos de l’étude des effets de la mondialisation sur le roman », Intercâmbio. Revue d’études françaises, 2e série, n° 10, p. 7-33, 2017 ; URL: http://ler.letras.up.pt/uploads/ficheiros/15770.pdf.
« Jeune Europe et vieille Amérique », l’une des 10 salles virtuelles de Epop. Popular Roots of European Culture, catalogue et DVD de l’exposition tenue à Louvain-la-neuve (1-30 avril 2010) et à Pescara (9-30avril 2010), sous la dir. de Federico Pagello, 2010.
« Industrie, masse et culture médiatique : la paralittérature américaine (1860-1940) », dans Culture de masse et culture médiatique en Europe et dans les Amériques 1860-1940, sous la direction de Jean-Yves Mollier, Jean-François Sirinelli et François Vallotton, Paris, puf, coll. Le nœud gordien, 2006, p. 37-50.
« Geronimo as Translator », Belphégor. Littérature populaire et culture médiatique, vol. II, n° 1, Création populaire et mondialisation : la paralittérature à travers les frontières, 2001.